Il s’éveilla d’un sommeil sans rêves. Bercé par un chant grave et mélodieux émanant de la pièce voisine il eut la tentation de se rendormir. Mais il sentait qu’il avait déjà trop dormi. Il éprouvait, en ce jour nouveau, une agréable sensation de puissance. Il se leva d’un bond et se dirigea vers la source de la mélodie. Il poussa doucement la porte de la salle de bain. Elle était là aussi belle que dans son souvenir. Elle fredonnait mélancoliquement devant le miroir examinant ses yeux rougis par le chagrin, sa peau blafarde qu’elle trouvait trop grasse mais que lui trouvait parfaite. Elle approcha son visage si prés de la glace qu’elle sembla vouloir s’embrasser elle-même. Sans bruit il s’avança dans son dos et se plaça derrière elle. Elle recula pour observer son reflet dans son ensemble mais ne le vit pas. Il la contempla avec émotion, aujourd’hui elle allait devenir sa femme pour toujours. Il ne restait plus qu’une formalité à accomplir. Il posa délicatement ses mains sur ses épaules. Elle poussa un cri de surprise et se retourna. Le cri se mua en cri de terreur.
– Allons du calme Ma Douce.
Il lui sembla que sa voix était plus rauque et plus froide qu’à l’ordinaire. Il la releva et l’enlaça. Son cri s’éteignit en même temps que sa volonté. Il l’entraîna alors dans une longue valse dont le tempo s’accéléra peu à peu pour devenir un tourbillon effréné qui s’arrêta brusquement tel un manège qui se serait emballé et dont on aurait soudain coupé l’alimentation.
– Désormais nous ne serons plus jamais séparés, lui murmura-t-il avant de la basculer et planter ses dents dans son cou.
Ses retrouvailles avec la vie étaient vraiment délicieuses.