Les mots : apaiser – front – tranchée – décision – dilemme – torture – douleur – âme – divin – damnation – effroi – dresser – combattre – chagrin
La consigne facultative : mettre un flash-back dans le récit.
Le défi personnel supplémentaire : éviter les personnages “barrés” Et avec les mots imposés, ce n’était pas gagné !
L’histoire :
C’est en passant devant la porte de l’appartement 6B que Thierry fut saisi la première fois. Il se retrouva soudain dans la cuisine familiale attablé entre son frère et sa sœur. Il était pressé et se retrouva bien vite, un peu désorienté, devant le 6C. Il continua malgré tout son chemin.
La deuxième fois, il fut emporté dès le 6A. La sensation était agréable alors il prit son temps. A sa gauche, son frère, pantalon troué, genoux écorchés remuait sa cuillère dans son bol vide. A sa droite, sa sœur, couettes éméchées, petite voix aigrelette racontait sa journée. Leur mère debout devant la cuisinière préparait leur chocolat chaud. La vision disparut, il regarda autour de lui : il était devant la porte du 6C. Il eut envie de retourner sur ses pas mais un coup d’œil à sa montre l’en dissuada. Il décida cependant de partir plus tôt le lendemain pour profiter des ces souvenirs.
A son grand désarroi, rien ne se produisit ce jour-là. Il retenta l’opération les jours suivants sans plus de succès. Une pointe de chagrin au cœur, il reprit ses habitudes matinales et se trouva aussitôt propulsé dans la cuisine de son enfance à humer le divin parfum de chocolat chaud de quatre heure, celui d’après l’école, juste avant les devoirs. Il ferma les yeux et vit la table dressée, la brioche tranchée. Sa mère guettait leur retour depuis la fenêtre de la cuisine pour mettre le lait à chauffer dès qu’elle les voyait apparaitre au bout de la rue. Puis elle attendait qu’ils s’installent devant leurs bols avant d’y verser le délicieux breuvage. Il ouvrit les yeux et réintégra le couloir de son immeuble. Pas de doute, l’odeur venait de là, du 6B. Il combattit l’impulsion soudaine de se précipiter dans l’appartement. S’arracher au doux parfum du souvenir fut une vraie torture. Mais y replonger chaque matin pour quelques mètres lui mettait l’âme en fête. Et l’intriguait… Qui donc pouvait préparer LE chocolat de sa mère ?
Un matin, il prit enfin la décision d’éclaircir le mystère et s’apprêta à frapper à la porte. Il fut arrêté au dernier moment par un curieux dilemme : l’odeur était la même mais s’il parvenait à y goûter, la saveur serait-elle la même ?
Laura eut un sursaut d’effroi en entendant les coups frappés à sa porte.
– Qui peut avoir le front de déranger les gens à une heure pareille ? pensa-t’elle.
Elle fut surprise de découvrir un de ses voisins, l’air surpris lui aussi.
– Je peux vous aider ?
Thierry sentit de la nervosité dans la voix de la jeune femme. Son audace l’étonna lui-même. Seulement maintenant il fallait assumer et il ne savait absolument pas quoi dire. Il eut la tentation de simuler une douleur quelconque pour lui demander de l’aide mais cela lui sembla aussi bancal que son histoire de chocolat chaud. Alors il se lança.
Laura s’apaisa un peu en écoutant le récit de son voisin.
Une petite voix surgit du fond de l’appartement.
– Maman !? Qu’est-ce qui se passe ? C’est qui ?
– Ce n’est rien mon cœur, repondit-elle en souriant. Juste un voisin qui veut goûter ton chocolat chaud.
– Oh, mais c’est normal, maman, c’est que tu fais le meilleur chocolat du monde !
Olivia Billington says:
7 February 2014 at 10 h 28
Roooh, c’est très original comme façon d’intégrer un flash-back et c’est mignon comme tout. ♥
Brize says:
7 February 2014 at 13 h 22
Très bien mené, bravo !
(et j’ai bien aimé, au début, croire que tu nous embarquais, au sens propre, dans une histoire de voyages temporels, avec ces “saisissements” récurrents, ça a donné un petit côté décalé au récit)
missnefer says:
8 February 2014 at 0 h 47
Oh j adore , cette petite madeleine et la manière de le raconter comme Brize je me croyais partie dans de la science fiction
MCL says:
8 February 2014 at 12 h 09
Très joliment raconté. J’ai cru au début à un rêve récurrent, mais non. Tu as eu là une idée très originale et j’adore la fin.
ceriat says:
8 February 2014 at 13 h 16
Très mignonne, ton histoire, j’adore.
Le chocolat nous replonge tous dans une époque insouciante et heureuse.
jacou says:
8 February 2014 at 13 h 37
très jolie histoire. J’ai cru aussi que tu nous transportais dans le fantastique.
patchcath says:
9 February 2014 at 7 h 49
Il y a des odeurs, comme ça, auxquelles on ne résiste pas. C’est beau et doux, merci
pierrot Bâton says:
9 February 2014 at 20 h 09
Waouh ! C’ est mimi !!!ça fait plaisir après tout ce que je viens de lire !