Les mots : souhait – vœux – mutation – émigrer – desideratum – melting-pot – cours -plastique – fausser – furtivement – cacher – clandestin
L’accroche : J’ai la ferme intention de lui dire la vérité. Sans me chercher d’excuses.
L’histoire :
15 juillet 2003
J’ai la ferme intention de lui dire la vérité. Sans me chercher d’excuses. Je n’en ai pas besoin. La vérité se suffit à elle-même. Mais par où commencer ?
Par cette vérité nue ou ses multiples conséquences ? Je crois que je vais commencer par la plus simple. Je ne veux pas d’enfant. Jamais je n’exhausserai son souhait. Elle pourra bien exposer son desideratum sous quelque forme que ce soit. Je me refuse obstinément toute descendance. Je sais bien que cela faussera définitivement nos rapports si ça ne les rompt pas. Mais je suis porteur de cette tare que je m’interdis de transmettre. J’espère qu’elle comprendra…
16 juillet 2003
Elle est partie.
Clara est partie.
Elle n’a pas compris.
Je n’ai pas pu lui expliquer.
Je n’ai pas pu aller au bout de la vérité. J’ai senti la mutation se mettre en route, le passager clandestin se réveiller. Furtivement, il s’est glissé dans le cours de notre conversation et m’a empêché de parler. Plus elle me suppliait, plus il jubilait.
17 juillet 2003.
Elle ne m’a pas appelé. D’habitude, c’est elle qui me rappelle après une dispute. Pourquoi ne m’appelle-t’elle pas cette fois ?
18 juillet 2003.
Elle ne m’a toujours pas appelé. J’entends mon passager qui ricane. Je sens qu’il se réjouit de cette situation
19 juillet 2003.
Clara me manque.
3 jours qu’elle est partie, 3 jours qu’il sort de son silence.
Je n’ose pas la rappeler. J’ai peur qu’il m’en empêche. J’ai peur qu’elle revienne…
20 juillet 2003
Clara est là ! Elle est revenue ! Elle dit qu’elle m’aime. Elle dit que son vœux le plus cher est de vivre à mes côtés même si ça veut dire que nous n’aurons pas d’enfant à nous. J’ai senti mon passager frémir mais il s’est finalement tu. Je suis tellement heureux
22 juillet 2003.
Il s’est rendormi. Serait-il possible qu’elle l’empêche de sortir au grand jour ? Serait-elle capable de le faire taire à jamais ?
27 juillet 2003.
Elle ne comprend vraiment pas. Nous avons eu une autre discussion aujourd’hui. Elle n’a pas abandonné l’idée d’avoir un bébé, même s’il lui faut l’adopter ou se faire inséminer le sperme d’un autre. Elle est même prête à émigrer si tout ça n’est pas possible ici.
29 juillet 2003.
Elle est revenue à la charge. Je ne sais vraiment pas comment lui dire.
30 juillet 2003.
Il ne s’est plus manifesté depuis 10 jours maintenant. Est-il vraiment parti ? Ou bien s’est-il caché en attendant son heure ? Peut-être n’est-ce qu’une ruse pour entamer ma détermination à ne pas poursuivre la lignée ? Clara sait se montrer persuasive avec sa plastique fabuleuse et son caractère enjôleur. Je sens qu’elle n’abandonnera pas et qu’elle pourrait bien me faire craquer. Lui aussi doit le sentir…
Mais NON ! Je refuse de le laisser gagner ! Je serais le plus fort !
Je suis Victor ! Fils et petit-fils de tueur en série et ce soir, je vais arrêter la série !
Clara comprenait maintenant. Elle regarda son ventre arrondi et referma le journal en pleurant.
Olivia Billington says:
28 January 2014 at 12 h 06
Bon, ce texte, bonne idée ! J’aime.
pierrot Bâton says:
29 January 2014 at 10 h 29
Décidément, j’ aime bien ton univers !
monton universJean-Philippe Touzeau says:
4 February 2014 at 16 h 51
Décidément, tes personnages sont “bien barrés”. Je comprends tout maintenant !
PS : Et super histoire courte.
PS : Merci