Des mots : surmenage – jeunesse – onomatopée – malpropre – climat – lancer – messager – grande – politique – gréement
Une histoire :
La livraison était fixée à la taverne habituelle. L’endroit était plutôt malpropre mais il comportait une entrée qu’on pouvait aisément surveiller et plusieurs sorties discrètes par lesquelles on pouvait s’eclipser en cas de danger.
Sur le chemin, elle sentit que le climat de la ville s’était alourdi. La guerre se rapprochait dangereusement. Une sorte de frénésie s’était emparée de tous. On ne savait que faire. Quitter la ville pour tenter d’échapper aux combats ? Ou bien rester à l’abri des remparts et risquer d’être assiégé ? Tout dépendait de qui arriverait en premier, l’ost du Comte d’Elendal à qui appartenait la ville et qui viendrait les défendre. Ou bien l’ost du Comte de Galinid qui viendrait les envahir. Elle ne s’y entendait guère en politique mais elle savait malgré sa jeunesse qu’aucune des deux perspectives n’était bonne pour la ville.
Elle arriva à la taverne et s’y installa en attente de l’échange. Elle n’attendit pas longtemps, l’homme arriva vite. Il semblait très agité, à la limite du surmenage.
L’échange se fit promptement, il s’apprêtait à partir quand elle ne put retenir la question qui lui brûlait les lèvres :
– D’après les dernières nouvelles notre armée est en grande difficulté et vos compatriotes risquent fort d’arriver les premiers. Pourquoi vouloir fuir à tout prix ?
– Je ne suis pas particulièrement le bienvenu dans ma patrie répondit-il avec un geste et une onomatopée significatifs.
– Ne vous inquiétez pas, ajouta-t’il, en voyant sa tête, je n’ai commis aucun crime horrible. J’étais juste le messager forcé dans un conflit entre le Comte de Galinid et mon Seigneur, un de ses vassaux. J’ai fui avant que le Comte ne m’exécute pour lui avoir porté un refus et que mon Seigneur ne fasse de même pour avoir fui….Et encore une fois, je suis obligé de fuir pour préserver ma vie.
– Mais cette fois-ci, ce sera un peu plus facile grâce à vous lança-t’il en se levant.
Elle le regarda partir avec pitié. Cet homme n’était peut-être pas aussi lâche qu’elle l’avait cru…si son histoire était vraie… Les citoyens du Comté de Galinid avaient été consignés en ville dès le début du conflit. Cela afin d’éviter de grossir les rangs de l’armée adverse, de divulguer des informations sur la défense de la ville et en dernier recours de servir d’otages en cas de siège. “Bien piètre otage qu’un homme déjà condamné par les siens” songea-t’elle.
Assise au bord du toit elle observait la ville et ne l’entendit pas venir.
– On dîne toujours ensemble ou bien tu comptes passer la nuit ici ?
– Ne me tente pas dit-elle en se retournant.
– Ah, ah ! s’exclama-t’il en sortant un panier rempli de nourriture de derrière la cheminée. J’avais prévu le coup !
Ils commencèrent à manger en silence profitant de la vue.
– Au fait, tu sais pas la nouvelle demanda-t’il soudain.
– Quelle nouvelle ?
– Tu sais le teinturier de la rue basse, je suis passé devant sa boutique tout à l’heure et…
– Et…?
– Les gens d’armes étaient en train de mettre des scellés sur sa boutique. Il parait qu’ils ont trouvés une pièce où il faisait travailler des orphelins ! Il parait qu’il leur donnait à peine de quoi manger et qu’ils dormaient à même le sol ! Incroyable, non !? Et tu ne sais pas le plus incroyable, le juge ne se souvient absolument d’avoir ordonné une perquisition chez lui !
– Oui, incroyable répéta-t’elle avec un sourire.
Le vent sifflait dans les drapeaux des remparts comme dans le gréement d’un navire. Elle se prit à rêver de liberté et de voyage.
valentyne says:
9 February 2013 at 16 h 31
j’aime bien l’ambiance médiévale (et la fin aussi , ah les gréements et l’invitation au voyage
Solange says:
10 February 2013 at 19 h 40
Joliment écrit, ça nécessite une suite !
ceriat says:
11 February 2013 at 0 h 11
Ton histoire se tient bien. J’adoooore !