Des mots : piscine – implacable – serpent – réveiller – débarquer – jambe – aigre – échapper – guerre – furtif – oraison – s’élever – mythe

Une histoire :
Une désagréable surprise l’attendait à la taverne qui lui servait de quartier général. Son commanditaire était là en avance de quelques jours sur leur rendez-vous.
– Alors, comment va notre affaire ?
– Ça avance tranquillement, l’animal est prudent. Mais la livraison aura bien lieu la semaine prochaine comme prévu.
– C’est justement à ce propos que je voulais vous voir…
Elle soupira, elle n’aimait quand les clients débarquaient comme ça pour changer les termes du contrat. Elle l’invita à s’asseoir et passa commande mais le laissa payer.
– Alors, dites-moi tout, la date de livraison ne vous convient plus ?
– C’est que la guerre approche plus vite que je ne le pensais. Je vais avoir besoin de “ce que vous savez” avant la semaine prochaine.
– Fuir ne vous permettra pas d’échapper à cette guerre, elle finira toujours par vous rattraper !
Elle méprisait ce lâche qui prenait ses jambes à son cou au moindre danger. Elle bu une gorgée, le vin était aigre.
– De toute façon, vous ne pouvez pas partir sans “ce que vous savez” . Vous devrez donc attendre que je vous ai livré, poursuivit-elle, implacable en le fixant.
Elle vit le serpent de la peur se réveiller sur le visage de son interlocuteur.
– Parfait, pensa-t’elle, je le tiens.
– Mais je peux faire un effort, se radoucit-elle, si vous en faites un aussi…
– Et à combien devra s’élever cet effort ? ragea l’homme.
– A combien estimez-vous votre vie ?
La colère le disputait à la peur dans les yeux de l’homme mais la peur finit par l’emporter.
– Très bien, soupira-t’il, le double pour une livraison demain et le triple si la livraison intervient ce soir.
Elle se leva avec désinvolture, en glissant un regard furtif vers la salle et lui susurra à l’oreille :
– Le double suffira, vous aurez votre sceau demain.
Elle quitta la taverne d’un pas léger. Elle venait de doubler son salaire en un clin d’oeil pour un travail qu’elle aurait effectué le lendemain de toute façon. Sur la place, le marché avait la place aux prêcheurs de toutes sortes. Elle s’arrêta pour écouter l’oraison de l’un d’eux. Il parlait du mythe de la piscine, ce grand bassin d’eau chaude où chacun pourrait se détendre après le “Grand Changement”, quand tous les hommes vivraient ensemble en paix. Elle aimait bien le concept de “tous les hommes en paix” mais elle ne voyait pas bien l’intérêt d’un bassin d’eau chaude pour se détendre. Un peu perplexe, elle reprit sa route vers sa chambre, elle avait besoin de repos après toutes les émotions de la matinée.